Aujourd’hui, mon cœur saigne. Les Canadiens ont perdu un grand gardien de but en Ken Dryden. Je n’ai pas les mots pour dire que nous avons perdu un grand homme, pas juste un gardien de but talentueux, mais un homme de droit, un politicien, un ancien ministre que j’aimais bien même s’il portait les couleurs du Parti libéral du Canada, et quelqu’un qui n’a pas eu peur d’apprendre le français. Je n’étais pas né lorsqu’il a débuté sa (courte) carrière de hockey, et j’étais trop petite pour me souvenir de quoi que ce soit lorsqu’il a pris sa retraite, mais les vidéos d’archives j’en ai vu des tonnes.
Aujourd’hui, tout le monde lui rend hommage. Et à peu près même moment, comme quoi certaines coïncidences font mal, un autre grand gardien de but, Carey Price, a vu son contrat (blessé à long terme) être échangé aux Sharks de San Jose en retour d’un jeune défenseur qui a surtout joué dans la Ligue américaine. La raison était d’aider les Sharks à se maintenir au plancher salarial au moment où ils seront (encore une fois) vendeurs, par exemple à la date limite des transactions. Et ce blog concerne surtout cette situation.

En fait, je désire exprimer ma peine et ma déception… Au moment où j’écris ces lignes, un ami à moi qui est un fan sincère des Canadiens a exprimé publiquement une requête au propriétaire Geoff Molson, sur Facebook : que Price signe un contrat d’un jour l’été prochain afin de pouvoir officiellement se retirer en tant que membre de la Sainte-Flanelle.
Malheureusement, cette requête de mon ami démontre hors de tout doute l’absurdité de la situation. Je dirais même que cela n’est même pas CENSÉ se passer comme ça!
Depuis quand on échange les contrats des joueurs qui ont tout donné pour leur équipe? Pourquoi accepte-t-on qu’un contrat LTIR (acronyme anglais pour joueurs placés sur la liste des blessés à long terme) comme le sien serve à tricher sur le plancher salarial d’une autre équipe?
Car c’est bien de cela dont il s’agit: l’adoption d’un plafond salarial, qui s’est produite 18 ans trop tard (en référence au départ des Nordiques en 1995), visait à garantir une parité dans les équipes indépendamment de leur chiffre d’affaires. Or, en 12 ans j’ai vu plusieurs directeurs généraux exploiter les diverses failles à ce système à leur avantage, comme de profiter de l’absence de longue durée d’un joueur grassement payé pour remplir l’espace laissé vacant pour la saison régulière et de voir son retour miraculeux en séries éliminatoire, ou les échanges à 3 équipes dans lesquels la 3e retient une fraction de salaire en retour de miettes, ou pire encore, transférer le contrat d’un joueur blessé qui ne reviendra vraisemblablement jamais au jeu pour s’assurer de respecter le plancher salarial.
Et pour la petite histoire, Carey Price, qui ne reviendra sans doute jamais aux jeu et dont le contrat arrive à échéance le 30 juin prochain (dans 10 mois!), a accepté de lever sa clause de non-mouvement afin d’aider les Sharks de San Jose à rester dans le plancher salarial au moment où EUX décideront d’être vendeurs, afin qu’ils y aillent d’un auto-sabotage (tanking) et tentent de gagner la loterie du repêchage en 2026. C’est évident que les turquoises cherchent à repêcher haut, ils y vont à visière levée comme les Blackhawks en 2022-2023 pour mettre le grappin sur Connor Bedard. Ils l’ont eu, le jeune Bedard, mais j’ose poser cette question : est-il heureux de jouer pour une équipe aussi handicapée, qui perd trop souvent? Pas sûre de ça…
Concernant le tanking, je ne suis pas d’accord avec cette manière de faire, et non, je n’étais pas de ceux qui soir après soir se réjouissaient de voir les Canadiens perdre. Non, je ne criais pas sur les toits que j’aimais le travail de Martin St-Louis, au contraire, je me demandais pourquoi il acceptait de perdre autant faute d’avoir un alignement adéquat… surtout après des échanges qui ont empiré les choses. Non, je n’accepte toujours pas l’échange de Sean Monahan, d’abord parce que l’équipe n’a toujours pas réussi à combler son départ au centre et ensuite, à cause de la date de l’échange : début février et non à la date limite! Le résultat a été que l’équipe est sortie du portrait des séries. Pas contente! Et je comprends Nick Suzuki d’avoir refusé de rejouer dans le même film, la saison dernière, ce qui fait que Joel Armia, Christian Dvorak et autres joueurs susceptibles d’être échangés sont plutôt partis durant l’été, à titre de joueurs autonomes sans compensation ou à la retraite (David Savard), et non au moment où l’équipe luttait pour faire les séries. Et merci, capitaine! Les Canadiens ont fait les séries le printemps dernier.
Je dirais même plus : mon aversion contre cette triche remonte à loin, c’est-à-dire à Eric Lindros dans les années 1990, et la loterie visait d’ailleurs à éviter que ça ne se reproduise, mais aujourd’hui ce n’est pas assez, puisque désormais, bon an mal an, il y a plusieurs équipes qui se battent pour finir dans le bas du classement, ce qui est mauvais pour le sport.
C’est mauvais pour les joueurs, car leurs statistiques en pâtissent d’une manière ou d’une autre. C’est mauvais pour les entraîneurs, puisqu’ils voient le résultat des tactiques de leur grand patron, en haut, se refléter dans leurs statistiques. C’est mauvais pour les fans, même ceux qui VEULENT voir leur équipe finir bas pour bien repêcher. Et c’est surtout mauvais pour les commanditaires et partenaires d’affaires. Et, ultimement, il faudrait demander aux réseaux de télévision – qui paient cher! – comment vont leurs cotes d’écoute et les revenus publicitaires… C’est pourquoi je considère que ça prend une solution radicale et je la donne ici: loterie désormais à 32 boules et choix de 1re ronde intransigibles. Chances égales pour tout le monde! Il n’y a pas d’autres moyens, ça doit cesser.
Pour revenir à cette histoire de contrats LTIR… Je suis une ancienne déléguée syndicale, j’ai adoré mon expérience. Je désire préciser que ce n’était pas pour aller dans les manifestations – je détestais ça! – ni pour me tenir fièrement dans un piquet de grève, mais bien pour aider mes collègues qui, entre autres, n’avaient toujours pas reçu leurs heures supplémentaires ou qui ont vu des erreurs sur leur talon de paie.
L’Association des joueurs de la LNH dort carrément au gaz ici. Est-ce normal qu’une équipe ne respecte pas l’esprit du plafond et du plancher salarial en y allant d’une telle mesure de contournement? Pourquoi ne pas avoir exigé que les contrats LTIR ne soient plus transférables? C’est pourtant problématique et cela depuis longtemps : c’est plus facile – je dirais trop facile – d’acquérir ce type de contrat que de réclamer au ballottage, rappeler un gars de la Ligue américaine pour lui faire jouer quelques matchs ou faire signer plus rapidement son contrat d’entrée à un joueur repêché… Clairement, ça pénalise les joueurs du point de vue strictement… syndical. Alors pourquoi Martin Walsh n’a-t-il pas dénoncé ça?
Je trouve regrettable que la convention collective ait été signée sans qu’on touche aux contrats de joueurs blessés à long terme, alors qu’il y en a plusieurs actuellement en circulation. Le système est brisé, et rien n’a été fait.
En passant, je suis aussi fâchée aujourd’hui que je l’étais quand Shea Weber s’est fait traiter de la même manière durant l’été 2022… par la même direction en plus! Aujourd’hui son contrat est rendu où? Difficile à suivre, mais il n’est plus avec les Canadiens. Et clairement ce contrat a passé dans les mains des (défunts) Coyotes pour qu’ils gardent leur plancher artificiellement gonflé…
Je désire tout de même reconnaître qu’il y a eu quelques gains, et je ne parle pas de l’abolition du code vestimentaire ici: d’abord, les retenues de salaire sont désormais restreintes, et le plafond salarial est enfin maintenu en séries même si les conditions sont différentes. Ce sont de timides pas dans la bonne direction, car il reste encore des failles permettant aux directeurs généraux de se la couler douce aux dépends du syndicat des joueurs.
C’est dommage, parce que désormais, aujourd’hui, un vétéran qui a tout donné pour son équipe a d’énormes chances de terminer sa carrière en appartenant à un club «pas rapport», avec lequel il ne jouera probablement aucun match, et avec lequel il n’a entretenu aucune relation autre que de jouer contre! Ce n’est pas normal.
Et comme ce fut le cas pour Weber il y a 3 étés, aujourd’hui j’ai le cœur brisé. Pourquoi avoir fait ça? Si d’une part des journalistes et experts de plateau considéraient que cet échange était une «priorité extrême» (pourquoi??), d’autre part Kent Hughes a pourtant calmé le jeu en disant que ce n’était pas nécessaire… avant de le faire.
Et à ces gens à qui le chapeau fait je dis: êtes-vous contents? Pas moi, en tout cas. C’est carrément avoir encouragé de la triche.
Et oui, ça prendra un contrat d’un jour pour qu’officiellement Carey Price prenne sa retraite en tant que joueur des CANADIENS. Vraiment aberrant! Je n’en reviens pas… Totalement inadmissible. Quand va-t-on voir Martin Walsh et les représentants joueurs de l’AJLNH dénoncer cette situation?
Cela dit, je désire également dénoncer une autre situation aberrante : alors que les hommages fusent de partout pour Ken Dryden, les messages désobligeants, voir haineux par moments contre Carey Price inondent les pages Facebook des principaux médias sportifs. Pourquoi autant de jugement, de critique, de haine envers le dernier grand gardien de but des Canadiens? Pourquoi se réjouit-on autant de l’échange de son contrat?
Je ne comprendrai jamais. D’autant plus que ce contrat a été négocié et signé librement entre un Price plus jeune et les Canadiens, et que la haute direction l’a accepté. Et à ce que je sache, les Canadiens sont une entreprise privée, et les salaires sont payés par les commanditaires, partenaires d’affaires et actionnaires d’abord. Okay, peut-être qu’une infime partie du prix d’un billet fait le reste, mais les gens sont libres d’acheter lesdits billets ou pas. Si vous n’approuvez pas certaines pratiques de gestion de l’organisation, laissez faire les billets, simple de même. Alors pourquoi être aussi fâché d’un salaire X, Y, Z librement consenti à un joueur de hockey? Je ne comprendrai jamais.
Carey Price a droit à notre respect, et puisque son fameux contrat se termine le 30 juin prochain, je ne voyais aucun problème à ce qu’il ne soit pas bougé… mais il y a tellement eu «d’insistance» chez certains membres des médias que je ne nommerai pas tant je n’étais pas en accord avec eux, que j’ai l’impression que l’organisation s’est sentie obligée de bouger. Pourquoi? Je ne comprendrai jamais. Mais je ne comprendrai encore moins pourquoi tant de gens ont retourné leur veste sur lui.
En tout cas, personnellement, j’aimerais tellement pouvoir le rencontrer en personne ne serait-ce que 10 secondes pour lui dire merci, car je remarque que trop peu de gens ont remercié ceux qui ont été les artisans de cette Cup run mémorable alors que nous en avions tous besoin, en pleine COVID-19, alors que les vagues se suivaient et qu’on n’était pas sorti de l’auberge…
Veuillez pardonner mon émotivité, mais que le contrat de Price ait été «légalement» transféré à une autre équipe et que le légendaire Ken Dryden décède à peu près en même temps m’ont fortement ébranlée.
Comme dirait un animateur radio il y a plusieurs mois, je ne suis pas fessée, je suis FEUSSÉE!!!
Et dire qu’en 2021, sans Carey Price, pas de finale de la Coupe Stanley. Je ne comprends pas… Donc, en ce début de septembre, deux grands gardiens nous ont quittés (décès et transaction)… mais on encense l’un, et on méprise l’autre. Je ne comprendrai donc jamais la fan base de mon équipe de hockey…