Bon, autant se rendre à l’évidence… Les Panthers de la Floride VONT gagner la Coupe Stanley. Si ce n’est pas ce soir, ce sera lundi soir, à Sunrise, en 5 matchs. Je vois mal la série se prolonger au-delà de cinq parties vu l’état général des troupes.
Mais si les Oilers d’Edmonton perdent ce soir, je crains, hélas, que la m**** pogne en Alberta de la même manière que ç’a dégénéré au Québec il y a presque trois ans.
Et pourtant, Leon Draisaitl et Connor McDavid n’ont pas à rougir de s’être rendus en finale. D’avoir gagné 3 rondes 4 de 7. TROIS. RONDES. QUATRE. DE. SEPT. Comme personne au Québec n’avait à rire des Canadiens qui ont gagné trois rondes 4 de 7 aussi, en 2021.
Malgré tout, au Québec, beaucoup de gens se moquent des Canadiens aujourd’hui! Dans la mesure où je sais que le commissaire Gary Bettman s’est battu pour préserver l’intégrité des championnats de sa ligue durant la pandémie de COVID-19, et éviter que des astérisques (*) se trouvent à côté des gagnants de la Coupe Stanley de 2020, 2021 et jusqu’à un certain degré 2022, je trouve déplorable que des partisans des Canadiens minimisent cet exploit peu commun de leur équipe, et qu’ils la mettent eux-mêmes, l’astérisque, à côté de la finale de 2021, en répétant à qui veut bien l’entendre que le Tricolore était faible, que sans la COVID il ne serait pas allé aussi loin, que la Division Nord ne faisait pas le poids, etc.
Je vous arrête tout de suite! En janvier 2021, au moment où la saison de 56 matchs réguliers a commencé, ce n’était pas une, mais quatre ligues qui ont évolué en parallèle, car les quatre divisions formées spécialement pour les conditions sanitaires étaient isolées les unes des autres. Et chaque équipe n’affrontait que des rivales dans sa propre division. Donc, on ne pouvait évaluer une équipe qu’opposée à ses six ou sept rivales, et non à l’ensemble de la ligue. C’était particulièrement vrai de notre côté de la frontière, car toutes les équipes du Canada formaient une seule division, ce qui géographiquement était contre nature vu l’immensité du territoire et le nombre de fuseaux horaires qui le divisaient. Les Canadiens ont terminé 4e de leur division, ils étaient donc dans le top 4 au Canada et méritaient amplement leur ticket pour les séries. Et ils ont réussi à vaincre trois adversaires avant d’accéder à l’ultime ronde fin juin, début juillet.
Si d’une part on minimisait déjà l’ampleur de leurs efforts à l’époque, d’autre part je suis convaincue que l’organisation du Lightning a voué le plus grand des respects aux joueurs du Bleu, Blanc, Rouge au moment de les affronter en finale. Bof, peut-être pas Nikita Kucherov avec deux ou trois bières dans le nez, mais bon…!
Alors, allez dire à Steven Stamkos que ses deux bagues de la Coupe Stanley (2020 et 2021) ne valent rien pour voir!
Allez donc dire à Shea Weber qu’il s’est défoncé pour rien, et qu’il aurait dû laisser tomber au lieu de se démantibuler le corps au grand complet et de ne plus être capable de jouer!
Allez donc dire à Corey Perry et Brendan Gallagher, des guerriers, que l’équipe n’avait qu’à prendre ses cliques et ses claques, et se rendre bêtement à l’abattoir sans faire d’effort pour que les Maple Leafs les finissent comme anticipé par à peu près tout le monde.
Allez donc dire à Dominique Ducharme qu’il est un imbécile fini, parce qu’avant de partir pour Toronto à la fin de mai 2021 il a eu l’idée stupide de demander à ses vétérans s’ils voulaient continuer, et il a osé orchestrer et compléter une 3e remontada en carrière (les 2 autres étant en 2006 contre les Lumber Kings de Brampton au junior A ou AAA, je ne sais pas trop par cœur, équipe appartenant à un certain Sheldon Keefe, tiens, tiens!… et en 2012 contre les Remparts de Québec dirigés alors par un dénommé Patrick Roy).
Allez donc dire à Carey Price qu’il aurait dû ménager son genou et retourner dans ses terres, au lieu de connaître les meilleures séries de sa vie!
Allez donc dire à David Savard que c’est la COVID-19, et non ses efforts et ceux de ses compagnons d’armes, qui lui a permis de voir son nom gravé sur le grand saladier de Lord Stanley, dans lequel il a dégusté du caviar, des pétoncles et des patates pilées avec ses amis.
Allez donc dire à Benoît Groulx que s’il lui fut impossible de graduer dans le Lightning de Tampa Bay comme entraîneur-chef c’est la faute à Bill Gates, à Georg Soros, à la 5G, au Big Pharma, à l’OMS, à Joe Biden, au Deep State et à des Frankenstein quelque part dans un laboratoire à Wuhan, en Chine, et que ce n’est pas le résultat de la belle feuille de route de Jon Cooper, qui avec deux bagues de la Coupe Stanley semble intouchable à moyen terme comme bench boss du Lightning. (En passant, pour ceux qui ne comprennent pas, il y en a qui ne comprendront jamais, je faisais une blague ici…)
Je trouve donc déplorable qu’aujourd’hui encore des gens avec qui j’interagis sur Facebook ou Twitter minimisent de la sorte les finales de 2020 et de 2021 parce qu’en vérité ils étaient amèrement déçus que les Canadiens ne soient pas parvenus à soulever la Coupe. Je suis même convaincue qu’en cas de victoire, jamais personne n’aurait osé remettre ainsi en question l’intégrité de ces championnats dans ces temps difficiles pour toute la planète.
C’est pourquoi je suis un peu inquiète pour l’entourage des Oilers d’Edmonton aujourd’hui. Et ce qui me tarabiscote le plus, avec l’expérience de notre petit peuple qui a chialé comme jamais durant la saison 2021-2022, ce qui a coûté l’emploi de valeureux hommes de hockey comme Marc Bergevin, Trevor Timmins et Dominique Ducharme, c’est que les Oilers ont gagné leur dernière Coupe Stanley en 1990 (comme Montréal, en 1993).
Ça fait longtemps! Assez pour que des générations entières – nos fameux Milléniaux qu’on se plaît tant à agacer et la génération Z née avec un cellulaire à la main – n’aient toujours pas eu la chance de voir leur équipe préférée parader en chest avec la Coupe Stanley debout sur des camions de pompiers, au centre-ville.
En plus de 30 ans, force est d’admettre que les choses ont tellement changé qu’il est désormais fréquent que, la saison suivant un championnat ou une participation à la finale, une équipe doive se battre pour se qualifier de peine et de misère en séries (Vegas a dû se battre jusqu’à la fin pour se placer dans un wildcard), ou encore qu’elle rate carrément les séries (par exemple, Dallas après la finale dans la bulle de 2020, les Hurricanes en 2007 après avoir gagné la Coupe en 2006).
Pourquoi? Plusieurs facteurs:
- Les joueurs sont généralement expérimentés, donc plus âgés, faisant en sorte que plusieurs ont accès à l’autonomie complète dès le 1er juillet… et ils en profitent en maudit!!! (Staal, Perry, Danault, ça vous dit quelque chose?);
- Beaucoup de joueurs qui tiennent mordicus à soulever cette magnifique coupe jouent blessés, certains ne s’en remettant jamais (Price, Weber, Byron, et je doute de revoir Gabriel Landeskog, capitaine de l’Avalanche, revenir de sitôt);
- Les plus jeunes peuvent recevoir des offres hostiles (KK), et les directeurs généraux refuser de les égaliser;
- Le plafond salarial. Eh oui! Et parfois, on n’a pas le choix de se départir de joueur pour éviter de le défoncer;
- Au repêchage, les deux équipes finalistes sont les 31e ou 32e à piger au premier tour…
Ce n’était pas le cas en 1990 ou 1993!!! (Ou du moins, ce n’était pas aussi intense…)
Si on avait tous anticipé ça, peut-être aurions-nous été un peu moins chialeux, et peut-être aurions-nous épargné certains hommes de hockey, qui ne l’auraient pas payé aussi cher. Mais non, alors je crains exactement la même chose en Alberta. C’est extrêmement dommage, mais c’est ça… Comme si aller en finale, gagne ou perd, avait un prix. Comme si on se retrouvait avec un singe sur les épaules alors que nous devrions nous réjouir, n’est-ce pas?
Si d’une part j’exhorte, en ce bel après-midi ensoleillé, les partisans des Oilers à garder leur sang-froid, d’autre part je souhaite bon courage à Ken Holland et à Kris Knoblauch… L’été va être long dans l’Ouest canadien. Quel dommage!